Des caselles du Périgord Noir et des Causses du Quercy

Redécouverte d'éléments remarquables du petit patrimoine rural bâti

Comme chaque année, la régionale APBG de Nantes a organisé un stage de géologie entre Périgord Noir et les Causses du Quercy, fin août 2024.
Deux géologues, Jean-Jacques Jarrige, conservateur de la Maison de la Pierre sèche et du Causse et Thierry Pélissié, président de l’association « Les phosphatières du Quercy », ont fait découvrir au groupe de professeurs les richesses géologiques de ces lieux.
Au-delà de la découverte des affleurements du Jurassique ou du tertiaire, des grottes, des gouffres ou igues et des phosphatières ils ont arpenté des sentiers de randonnée entre murets et cabanes paysannes en pierre sèche.

Ce sont ces seules "caselles" qui retiendront ici l'attention évoquant un quotidien disparu.

☞ Ce premier regard porté à ces quelques témoins d'un ancien patrimoine rural bâti montre historiquement l'action de l'homme sur son environnement bâti et naturel.
L'architecture populaire ici considérée est liée au matériau, la pierre sèche. Elle est fondamentalement rurale, de par son implantation dans les campagnes, ses fonctions agricoles ou pastorales et son mode d'utilisation principalement temporaire. Quadrillage de murets de pierre sèche et caselles, sont les témoins des activités agricoles du XIXe siècle.
Ils rappellent l'âpreté de ces régions, où les terres cultivables étaient conquises en débarrassant le sol, année après année, des pierres.

Dans ces régions de calcaires, où « la pierre pousse chaque année » comme disent toujours les paysans de ces terroirs, avant labours et semailles la première tâche consiste en l’épierrement des champs.

Utilisant ces pierres plates les populations ont élevé des murets en limite des parcelles …

Tous les chemins sont environnés de murailles de pierres sèches.

… ainsi que de petites constructions appelées cabanes entièrement bâties sans mortier avec des pierres plates.

Les caselles sont de petites cabanes érigées en pierres sèches sans aucun ciment, au toit couvert de lauzes.

Une gariote ou gariotte est, dans certains parlers régionaux une construction de faible dimension, le plus souvent aménagée dans l’épaisseur d’une murette ou dans un grand pierrier ( "cayrou." )

☞ De la construction de la caselle et de ses fonctions
Pour bâtir à pierre sèche, il faut des matériaux provenant des strates superficielles du socle rocheux.
Lors de la mise en culture de terrains où la roche est affleurante et délitée ( fracturée en strates) il fallait débarrasser les parcelles des pierres, cailloux ou blocs gênant la culture. D'où des tas d'épierrement résultats du rassemblement à un même endroit dues pierres, cailloux, blocs d'une ou plusieurs parcelles, issus des terres lors de la mise en culture
Les murs délimitaient chaque lopin de terre ainsi que le réseau des chemins creux.
La cabane est un petit édifice construit entièrement en pierres sèches en empilant judicieusement des pierres de différents calibres. Il faut un tour de main pour choisir, retailler et placer chaque pierre au bon endroit.
Deux principes de construction la caractérise : la pierre seule doit être utilisée sans aucun liant pour l’unir aux autres ni ferraillage et monter la voûte par encorbellement sans le soutien d’un cintre de charpente.
Ces bâtis sont montés par superposition de pierres plates chacune chevauchant la précédente d'environ les deux tiers. Une fois les murs montés à la hauteur souhaitée, la pose du toit à encorbellement peut commencer.
La voûte est à encorbellement, c'est à dire réalisée avec des pierres en saillie vers l'intérieur par rapport à celles qu'elles superposent afin de constituer une couverture qui se rejoint au fur et à mesure de la progression vers le sommet. Ce principe d'encorbellement permet ainsi de couvrir un espace sans le recours à une charpente. Les pierres les plus légères servaient pour la couverture (lauzes).
Parvenu en haut du toit, il reste un vide que l'on recouvre par une dalle finale ou par un tas de charge reposant à plat sur ce dôme.
Ce sommet peut être surmonté par un épi de faîtage simplement pour marquer le terme de la construction ou pour motif esthétique.
On pourrait encore ajouter, à la suite de J.M. Caron, qu'une certaine inclinaison vers l'extérieur devait être respectée; chaque pierre doit être disposée de telle sorte qu'une inclinaison de l'ordre de 15° environ vers l'extérieur soit effectuée (2022, p. 196) .
Ces cabanes paysannes prennent des formes variées selon les lieux : plan de type circulaire et toiture conique, base carrée ou rectangulaire et toit pyramidal, voire plan irrégulier…
La caselle se prêtait à un grand nombre d'utilisations repérables à certains détails d’aménagement intérieur ou extérieur. Ces petits édifices ne servaient pas généralement d'habitations mais servaient autrefois d'abris pour le rangement des outils du travail de la vigne et le soin des animaux; les travailleurs pouvaient dans certaines prendre temporairement des repas ou du repos.

Notons encore qu'emblématiques du Périgord noir et des Causses quercynoises, elles ne sont pas souvent bien datables car l'usure du temps faisant son jeu, elles sont sans cesse modifiées et reconstruites. Elles remontent au milieu du XVIIIe et du XIXe siècles.

Si ces cabanes paysannes constituent une spécificité régionale on en trouve toutefois dans bien d'autres régions avec des appellations propres telles que capitelles des Grands Causses et du Languedoc, Bories en Provence ou Orris des bergers dans les Pyrénées ariégeoises…

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Quelques caselles du Périgord noir

Quelques caselles du parc naturel régional des Causses du Quercy